Dans la maison du souvenir...

Dans la maison du souvenir
ma mère apprivoise des mots
des mots tombés du nid
qu’elle recueille sur la pelouse
réchauffe entre ses paumes
soigne nourrit
elle leur sauve la vie.
Lorsqu’ils ouvrent leurs ailes
ils montent se percher
sur la plus haute branche du soleil
s’empiffrent de lumière
puis dans un grand élan
montent planer au-dessus du temps
et la ligne de feu sur l’azur
tracée par le sillage de leur vol
m’apprend à écrire un poème

Dans la maison du souvenir
quand vient le soir
ma mère promène dans ma chambre
la lampe de sa voix
ses yeux étoilent mes ténèbres
je n’ai plus peur du noir
puis elle va s’asseoir
sur la galerie
et la lune aux longs poils d’or
est un chat qui ronronne
sur les genoux de ma mère

Dans la maison du souvenir
le soleil est un miroir
où ma mère si jeune si belle
et sans rides
à tout jamais se mire
une aile de lumière
époussette le temps
et sur l’image de ma mère
ne se dépose aucune poussière